Note du commissaire de police de Chartres au secrétaire général de la police d'Orléans concernant la condamnation du préfet Pierre Le Baube par la cour de justice d'Eure-et-Loir, 15 janvier 1946.

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Dans les départements, la collaboration d’Etat est relayée par les préfets, fonction occupée pendant les années d’Occupation par Charles Donati (du 2 novembre 1940 au 14 novembre 1941), successeur de Jean Moulin, puis par Pierre Le Baube, remplacé début 1944 par René Serre. Représentant de l’Etat, le préfet est chargé de la mise en application des décisions du gouvernement dans son département. L’ajournement des chambres parlementaires assure aux préfets l’absence de contre-pouvoirs locaux, dans la mesure où il n’y a plus d’élus à cette période. Archétype du préfet de Vichy, Pierre Le Baube s’est illustré par son zèle à répondre aux exigences de Vichy et des Allemands, ainsi qu’à traquer les ennemis du régime, et notamment les communistes et les résistants. Pendant l’épuration, il est condamné à mort par la cour de justice d’Orléans en 1945 tandis que la cour de justice d’Eure-et-Loir le condamne à 20 ans de travaux forcés, 20 ans d’interdiction de séjour, à l’indignité nationale et à la confiscation de ses biens.

Plusieurs partis politiques, créés dans les années 1930, se font les chantres de la collaboration et usent de leur influence auprès de leurs adhérents.
Le parti populaire français (PPF) : fondé en 1936 par Jacques Doriot, il suit une ligne radicale et fascisante, à la fois anticommuniste, antisémite et antirépublicaine. Il s’engage dans la voie de la collaboration avec l’Allemagne, poussant ses adhérents à intégrer la légion des volontaires français et à partir combattre aux côtés des troupes nazies sur le front de l’est. Le PPF a peu d’influence en Eure-et-Loir : seules quelques réunions d’information sont organisées dans les principales villes du département (Chartres et Châteaudun notamment), attirant des curieux mais ne suscitant guère d’adhésion massive ni d’important mouvement de soutien. De la part des adhérents, on relève très peu d’actes de propagande en faveur du parti, lesquels se bornent à des inscriptions sur les murs. Seules 7 personnes sont mentionnées comme étant adhérentes au parti en 1942, et l’activité du PPF est considérée comme inexistante à Dreux1.
Le rassemblement national populaire (RNP) : autre parti favorable à la collaboration, le RNP, fondé par Marcel Déat, tint sa première réunion publique le 2 février 1941 salle Wagram à Paris. Ce parti était présent en Eure-et-Loir mais semble avoir eu une activité extrêmement limitée. Seule une réunion, à Chartres, le 19 juin 1943, a fait l’objet d’un compte rendu par la police, et un rapport du chef des renseignements généraux ne fait état d’aucune activité ni propagande de la part de ses adhérents2.

Notes :

1. Arch. dép. Eure-et-Loir, 14 W 42.
2. Arch. dép. Eure-et-Loir, 14 W 42.

Arch. dép. Eure-et-Loir, 20 W 206.