Courriers de plusieurs maires d'Eure-et-Loir (Le Mesnil-Marsauceux, Saint-Denis-de-Moronval, Berchères-sur-Vesgre, Saint-Avit-les-Guespières) relatant les arrestations de Juifs dans leur commune en réponse à une enquête de la préfecture menée après la Lib

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Ces documents abordent plusieurs motifs d’arrestation différents mais s’accordent tous sur la brutalité des événements, de la situation de l’école de Marsauceux, où un enfant a été arrêté par les Allemands devant ses camarades, à la situation de la commune de Saint-Avit, où toute une famille a été déportée, dont deux enfants de 6 et 11 ans. Dans ce dernier cas, on constate que les enfants ont été déportés plusieurs mois après leurs parents : la déportation des enfants est une initiative de Pierre Laval, maquillée sous l’horrible prétexte de ne pas les séparer de leurs parents. Avant que la déportation des enfants ne soit mise en place, lorsque leurs parents avaient été arrêtés, les enfants étaient placés sous la responsabilité des maires, qui se chargeaient de leur trouver une famille d’accueil.

L’analyse des travaux de Serge Klarsfeld pour les 91 juifs arrêtés en Eure-et-Loir donne les éléments suivants :
38 personnes (soit 42 % des personnes arrêtées en Eure-et-Loir) arrêtées ont été déportées par le convoi n°69 : parti de Drancy le 7 mars 1944, il était à destination d’Auschwitz. Le deuxième convoi le plus meurtrier suite aux arrestations en Eure-et-Loir est le convoi n°5, parti de Beaune-la-Rolande le 28 juin 1942, également en direction d’Auschwitz, avec 17 personnes arrêtées en Eure-et-Loir.
Une écrasante majorité des 91 personnes arrêtées en Eure-et-Loir, soit 94,5 %, ont été déportées à Auschwitz. 3 personnes ont été déportées à Sobibor et 2 au camp de Kaunas.
Avant la déportation, les Juifs arrêtés en Eure-et-Loir sont passés par des camps de transit : Drancy (63), Beaune-la-Rolande (17), Pithiviers (10) et Angers (1).
Les arrestations se répartissent comme suit sur le terrain : Chartres (14), Dreux (5), Brezolles (5), La Croix-du-Perche (5), Yèvres (5), Saint-Avit (4), Brou (4), Dambron (4), La Ferté-Vidame (3), Arrou (3), Béthonvilliers (3), Berchères-sur-Vesgre (2), Maintenon (2), Laons (2), Illiers (2), Senonches (2), Courtalain (2), La Loupe (2), Pontgouin (2), Prouais (2), Anet (2), Authon-du-Perche (1), Mézières-en-Drouais (1), Nogent-le-Rotrou (1), Rouvres (1), Courville-sur-Eure (1), Epernon (1), Voves (1), Fontaine-la-Guyon (1), Châteaudun (1), Gommerville (1), Abondant (1), Le Gault-Saint-Denis (1), Serazereux (1), Coltainville (1), La Saucelle (1), Cloyes-sur-le-Loir (1). Sans surprise, Chartres est la commune où il y a eu le plus d’arrestations, mais on peut être surpris par le nombre de très petites communes qui ont été concernées, ainsi que par l’étalement géographique des arrestations : tout le territoire est concerné.

Arch. dép. Eure-et-Loir, 20 W 282