Vitrine n°9 : L'Eure-et-Loir face à la déportation

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L’implication des autorités françaises et, par ricochet, de leurs représentants dans le département d’Eure-et-Loir, ne fait aucun doute, comme en témoignent les documents exposés. Si, en Eure-et-Loir, ce sont bien les Allemands qui furent à la manœuvre lors des arrestations, ils bénéficièrent du soutien de la préfecture et des services de police. Ainsi, les forces de police furent-elles mobilisées pour encadrer les départs des Juifs arrêtés vers les camps de Drancy, Pithiviers ou Beaune-la-Rolande, et il put également être demandé un soutien logistique, qui furent systématiquement accordés sans réserve. Il est par ailleurs surprenant de constater que les arrestations de Juifs ne sont mentionnées qu’une fois1 dans les rapports mensuels du préfet puis disparaissent totalement, y compris des rapports des services de police qui, pourtant, pouvaient être mis à contribution lors des arrestations. Faut-il en conclure à l’indifférence des autorités françaises pour le sort des Juifs ? C’est en tout cas ce que semble être l’attitude de la population d’après un rapport du commissaire de police de Châteaudun : « Les mesures prises contre les Juifs sont dans l’ensemble approuvées. A part quelques personnes faisant montre d’une sensibilité aiguë, la majorité rend les Juifs responsables pour une grande part de nos malheurs (déclenchement de la guerre, avilissement des individus, développement du marché noir). Ils estiment justes et opportunes les mesures de rigueur prises contre eux »2. Cette indifférence et validation tacite des autorités locales de la politique menée par le gouvernement Laval ne doit pas faire oublier des attitudes individuelles (police, fonctionnaires, maires, particuliers) qui ont tenté de s’opposer à la déportation par de la « mauvaise volonté administrative » ou en évacuant ou cachant des Juifs.

1. Arch. dép. Eure-et-Loir, 1 W 77.
2. Arch. dép. Eure-et-Loir, 1 W 9.