Vitrine n°11 : La collaboration encadrée

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A partir de 1943, l'engagement des résistants s'intensifie et prend notamment la forme d'actes de sabotage destinés à perturber le plus possible l'organisation et les manœuvres allemandes, complétés par des actions d'exfiltration d'aviateurs, d'évasion des prisonniers voire d'attaques armées.

Pour pouvoir agir, il faut d'abord s'équiper, ce qui constitue un défi dès lors que les autorités d'occupation punissent sévèrement la détention d'armes. Les unités résistantes sont donc dépendantes de Londres, qui parachute armes et matériels. Il faut aussi se nourrir et ravitailler les réfractaires au STO, les aviateurs alliés ou les prisonniers évadés pris en charge par la Résistance : le vol de cartes d'alimentation et de tickets de rationnement, parfois avec la complicité des maires et des fonctionnaires (qui peuvent aller jusqu'à falsifier des documents) ainsi que l'assistance logistique fournie par les populations locales y pourvoient.

Les sabotages : l'Eure-et-Loir est traversé de voies ferrées dont les lignes les plus importantes relient Paris à Granville, Brest, Tours ou Bordeaux. Ces lignes principales sont complétées par un réseau secondaire joignant les villes du département entre elles. L'ensemble est largement utilisé par les troupes d'occupation pour leur approvisionnement. Le réseau ferroviaire est donc rapidement identifié par la Résistance comme une cible de premier plan, incluant les les voies, les ponts, les bâtiments et le matériel roulant. Aucune ligne n'est épargnée : les voies déboulonnées et des explosifs posés afin de provoquer des déraillements et détruire les voies. Si des opérations de ce type sont menées dès 1940 dans le département, elles s'amplifient en 1943 et surtout 1944, conduites principalement par les groupes FTP. Les sabotages touchent aussi les lignes téléphoniques : déterminantes pour communiquer en temps de guerre, elles sont vite prises pour cible par les résistants. L'alimentation électrique est quant à elle plus difficile à cibler du fait que les pylônes supportant les lignes à haute tension sont situés sur le plateau de Beauce, qui offre peu de lieux où se cacher. Enfin, les résistants s'opposent autant que possible aux réquisitions allemandes. Des dépôts de récoltes ou du matériel agricole sont incendiés. Les industries qui travaillent pour l'Allemagne sont aussi visées, mais ces actions restent marginales.

Les filières d'évasion : l'aide aux prisonniers de guerre relève davantage de l'initiative individuelle, surtout au début de la guerre. Cependant, l'action de la section FTP de Vovette doit être soulignée : située à proximité du camp de Voves, elle organise les évasions en prévoyant de fausses pièces d'identité et la planque des évadés. Elle participe notamment à la spectaculaire évasion des 5 et 6 juin 1944.

Attentats et attaques de convois : l'assassinat prémédité de membres de l'armée allemande reste rare en Eure-et-Loir, ce qui s'explique par l'extrême dangerosité de ce genre d'action et la préparation minutieuse qu'elle exige. En février 1942, les FTP du secteur de Chartres abattent une sentinelle à Oisème ainsi qu'un officier en pleine rue à Chartres. En mai 1944, deux soldats sont tués en forêt de Dreux par un FTP, attentat suivi quelques jours plus tard de coups de feu tirés sur une sentinelle en faction à St-Rémy-sur-Avre. Les attaques de convois ou de véhicules allemands lors de déplacements sont elles aussi rares avant les combats de l'été 1944. Les résistants cachent des mines dans du crottin sur les routes et se planquent en embuscade à proximité.