Fiche concernant Roger Paul Jouglain, réfractaire au STO envoyé en déportation.

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La notion de « réfractaire » recouvre plusieurs situations : le fait de ne pas se présenter le jour de la convocation, ce qui constitue la majorité des cas, le fait de ne pas y retourner après une permission ou, enfin, l’évasion une fois sur place. Les motivations des réfractaires sont le plus souvent le refus de servir et alimenter la puissance militaire allemande, mais il peut également y avoir des raisons personnelles et familiales. Après avoir refusé une convocation, le réfractaire entre dans la clandestinité et doit donc se cacher, ce qui implique la plupart du temps de s’éloigner de sa commune, voire de son département d’origine, et se procurer de faux papier et des cartes d’alimentation. Beaucoup se cachent dans des fermes et travaillent en échange du gîte et du couvert. La situation est quelque peu simplifiée par les accords Bichelonne-Speer du 17 septembre 1943, qui permettent de régulariser la situation de nombreux jeunes gens, qui trouvent alors à s’employer dans les entreprises françaises travaillant pour le compte des Allemands, et donc sans transfert en Allemagne1.

Les réfractaires au STO encourraient de gros risques en désobéissant sciemment à un ordre de réquisition de l’Allemagne nazie, comme en témoigne le parcours de Roger Jouglain. Né en 1921, celui-ci fit partie de la première vague de jeunes gens réquisitionnés pour le STO mais ne se rendit pas à la convocation. Il parvint à se rendre jusqu’à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques) où il comptait gagner l’Espagne et, de là, l’Angleterre. Arrêté à Saint-Jean-de-Luz, il passa par plusieurs camps de transit en France avant d’être déporté en Allemagne, au camp de concentration d’Oranienburg. Il fut transféré par la suite à Buchenwald. Il fut abattu lors de l’évacuation du camp au moment de l’arrivée des troupes soviétiques alors qu’il tentait une évasion. 

1. BOIVIN (Michel), « Les réfractaires au travail obligatoire : essai d’approche globale et statistique », dans La main d’œuvre française exploitée par le IIIe Reich, op.cit.

Arch. dép. Eure-et-Loir, 68 J 36 (fonds Thoby)