Lettre de Marcel T..., habitant d'Epernon, 15 septembre 1944

frad028_20w0209_ext_10.jpg

Ce document, postérieur à la Libération, atteste des sentiments pro-allemands d’un voisin de Marcel T…, habitant d’Epernon. On retrouve cette personne dans le document relatif aux activités des membres du MSR et du RNP, où il fait partie des militants activement recherchés.

Des structures « paramilitaires » ont permis un engagement encadré dans la collaboration, de la façon la plus extrême qui soit, car elle a pu impliquer de combattre aux côtés des nazis contre les Alliés, parfois même sous uniforme allemand.
La légion des volontaires français contre le bolchevisme (LVF) : créée en 1941 dans un but militaire, elle a pour objectif de fournir à l’armée nazie des supplétifs français pour le front de l’est. Des bureaux de recrutement sont installés, où les volontaires peuvent venir signer leur contrat d’engagement. Ils suivent ensuite une préparation militaire et une formation théorique, et sont ensuite envoyés combattre aux côtés des Allemands. En Eure-et-Loir, la promotion de la LVF passe par une conférence, « La France face au bolchevisme », présentée dans les principales villes du département. Deux bureaux de recrutement sont ouverts, à Chartres et Dreux. Selon un rapport du préfet en date du 28 août 1942 : « Ces bureaux ont été parfaitement installés dans des locaux spacieux et avenants. Celui de Chartres est particulièrement bien placé dans la rue du Bois-Merrain n°26, qui est au centre de la vie de la cité, notamment aux jours du marché hebdomadaire, attirant la foule des villageois des environs ». Cependant, en dépit de cet emplacement favorable, le bureau de Chartres n’enregistre aucune inscription, ce que M. Pouvreau, délégué départemental de la LVF, attribue à la concurrence de l’office de placement allemand ainsi qu’à un enthousiasme très limité à l’idée de combattre aux côtés des nazis sur le front russe. Une action de la LVF sur le sol français lui semble mieux à même de susciter des vocations1.
La milice : créée en janvier 1943 et placée sous la direction de Joseph Darnand, elle bénéficie d’une reconnaissance officielle de Vichy. La milice se voit confier des missions de propagande en faveur du régime et de la politique de collaboration, mais surtout des missions de répression violente contre les ennemis du régime que sont les communistes, les résistants, les juifs et les francs-maçons (actions collectives, exécutions, assassinats). Les élites de la milice étaient constituées par ses cadres, formés à Uriage, et la « franc-garde ». Sur le territoire, la milice était structurée par des fédérations régionales, elles-mêmes décomposées en sections départementales placées sous le commandement d’un chef chargé du recrutement et de la formation militaire des nouvelles recrues. Les conditions d’entrée dans la milice requièrent d’être de nationalité française, ne pas être juif, ne pas appartenir à la franc-maçonnerie (sous-entendue par le terme « société secrète »), être agréé par le chef départemental, s’acquitter du montant d’une cotisation annuelle, effectuer un stage probatoire. Au cours de ce stage, l’aspirant milicien « reçoit les rudiments d’une formation politique révolutionnaire nationale et subit certaines épreuves qui permettent au chef départemental de juger de la valeur morale et politique du volontaire »2.
En Eure-et-Loir, en dépit des efforts du chef départemental Charles Viac, la milice n’a qu’une influence extrêmement limitée.

1. Arch. dép. Eure-et-Loir, 14 W 42.
2. Arch. dép. Eure-et-Loir, 14 W 42

Arch. dép. Eure-et-Loir, 20 W 209